La taillanderie, cette branche spécifique de la forge est un très vieux métier. Pour rappel il s’agit de la fabrication d’outil taillant, tranchant.
Il a débuté lors de l’âge du bronze mais le terme de taillandier est bien plus récent, puisqu’on le voit cité pour la première fois en 1573. Petite immersion sur l’origine de ce terme.
Création d’un livre des métiers :
Au XIIIème siècle, Paris est une ville prospère comportant de nombreux corps de métiers. Néanmoins des litiges du quotidien que peuvent rencontrer des commerçants et artisans et que doivent gérer les institutions posent problème : il n’existe aucun code ou législation qui régit les métiers.
Etienne Boileau Prévôt de Paris à cette époque (officiel royal qui veillait à la bonne administration de la justice et au maintien des coutumes du pays) a décidé de créer le livre des métiers en 1268.
Ainsi chaque métier était organisé et réglementé selon ce code. Par exemple, les boulangers de Paris pouvaient vendre le pain en boutique en semaine alors que les boulangers extérieurs devaient attendre les jours de marché.
Une indépendance longue à atteindre :
Fèvres-maréchaux, serpiers, grands taillands blancs et vrillerie…. Et enfin taillandiers(ferblantiers) !
A cette époque-là, les fabricants d’outils étaient sous la régence des fèvres maréchaux, une corporation des métiers du fer assez puissante.
Il était difficile pour les métiers du fer de se former en corporation à leur guise, le maréchal royal (c’est le grand patron des fèvres-maréchaux) s’opposant à toute forme d’émancipation qui pourrait réduire son emprise sur l’univers du fer.
Pour la taillanderie, la prise d’indépendance fut longue. Elle quitte la coupe des fèvres-maréchaux sous la refonte de l’organisation des métiers en 1463. On appellera les fabricants d’outils les grands taillands blancs et vrillerie.
En 1642 l’apparition à Paris du fer blanc (est obtenu en fusionnant le fer en feuille et en l’entourant ensuite d’étain) fait aussi exploser l’exercice du métier de taillandier.
La corporation des taillandiers ferblantiers est née.
Pour un rapprochement entre les taillandiers et ferblantiers? Les taillandiers fournissaient la majorité des articles vendus en quincaillerie qui détenait une énorme part du commerce. Les ferblantiers eux étant spécialisés dans des outils notamment de cuisine se sont également intégrés dans le commerce de la quincaillerie.
Devenir maître taillandier :
Les taillandiers ferblantiers se divisent en quatre parties :
- les taillandiers des œuvres blanches, (ouvrage de fer tranchant et coupant, comme les bêches, faux, outils de charpentier…)
- les grossiers, (objet de cuisine, comme les chenets, pincettes, barres, couperets)
- les vrilliers et tailleurs de limes, (forets, vilebrequins, fermoirs, burins, tenailles
- les ouvriers en fer blanc et noir. (plats et aiguière, lanternes, girouettes, moules à pâtissier)
Voici quelques règles officielles pour devenir maître taillandier :
- Le taillandier devait être reçu maître par un Jury et prêter serment
- Pour devenir maître il fallait faire 5 années d’apprentissage chez un maître et présenter un « chef d’œuvre » au jury au bout des 5 ans.
- La profession pouvait être exercée jusqu’à 20h (sous peine d’amende)
- Chaque outil doit être estampillé du poinçon du taillandier (sous peine d’amende)
- Il fallait 3 ans de maîtrise avant de pouvoir prendre un apprenti
- Un maître pouvait prendre qu’un apprenti à la fois (hormis à sa 5ème année, le maître pouvait en prendre un second)
Le jury qui recevait les apprentis maîtres en devenir, était composé de 8 membres : 2 maîtres de chacune des 4 branches citées ci-dessus. Le chef d’œuvre se faisait dans la maison d’un des jurés.
Voilà seulement moins de 500 ans que le terme de taillandier est née. Et pourtant, ce métier date d'environ 4 000 ans depuis le début de l'âge du bronze.
C'est même en faisant toutes ces recherches sur ce métier, que je me suis rendue compte que l'expérience de l'humain dans la transformation du métal issu de minerai a permis l'avènement des premières grandes cités (ce sera sûrement l'objet d'un futur article).
Un métier tapis dans l'ombre mais qui a marqué un point charnière dans l'histoire de l'humanité!